Blog

Interview de Eurêka - Ce slameur lyonnais donne un concert par jour en moyenne !

Interview de Eurêka - Ce slameur lyonnais donne un concert par jour en moyenne !

Eurêka, pouvez-vous nous parler du moment précis où vous avez décidé de quitter votre métier de journaliste pour vous engager dans le slam? Qu'est-ce qui a motivé ce tournant radical dans votre vie?

Je rêvais de devenir artiste depuis que j'étais enfant. J'adorais les mots, j'étais premier en français et voulais être écrivain ou scénariste de cinéma. Adolescent, lorsque j'ai découvert le slam, je me suis rendu compte que c'était la forme idéale pour m'exprimer : des formats courts, rythmés, auxquelles la musique donnait une émotion supplémentaire. Bien sûr, mes parents et mes professeurs m'assuraient que vivre d'un tel métier était impossible. Je suis donc finalement devenu journaliste radio à 18 ans, mais mon rêve d'enfant était toujours présent dans mon cœur. A la trentaine, j'ai vécu une rupture amoureuse soudaine, qui a mis toute ma vie en miettes. Estimant alors que je n'avais plus rien à perdre, j'ai quitté mon poste de journaliste du jour au lendemain pour créer mon label musical, et au moins donner vie à ce rêve d'enfant, qui était la seule chose qui me faisait encore envie. Tout est alors allé très vite : j'ai gagné 4 prix musicaux professionnels, assuré les premières parties de Grand Corps Malade, Natasha St-Pier et Vianney, et j'ai même eu l'honneur de voir un de mes slams au programme du bac de français ! Mon agenda de concerts s'est très rapidement rempli. Je suis aujourd'hui à la tête d'un label musical qui génère plus de 300 000€ de CA annuel. Et le plus important : je n'ai jamais été aussi heureux et épanoui de toute ma vie.

Vous avez donné environ un concert par jour en moyenne depuis cinq ans, ce qui est impressionnant. Comment parvenez-vous à maintenir une telle cadence tout en préservant votre santé mentale et physique?

Je m’impose une hygiène de vie irréprochable sur le plan de l’alimentation, ainsi qu'une heure de sport quotidien pour garder la forme. Je ne fume pas, ne bois pas. J’ai également des routines matinales de mise en condition, comme la lecture d'affirmations positives ou l'écoute de podcasts inspirants et apaisants. Je n'écoute jamais (ou très rarement) les informations, afin de ne pas me polluer d'énergie négative (de toute façon, les événements importants finissent toujours par me revenir aux oreilles !) Et surtout, je reste focalisé sur mon seul but : que le public de mes concerts passe l'un des meilleurs moments de toute sa vie, et en ressorte ému, inspiré et heureux !

Votre concept de « slam dessiné » est unique en son genre. Comment vous est venue l'idée d'intégrer des animations 2D à vos performances, et quel impact cela a-t-il eu sur la manière dont votre public perçoit vos spectacles?

Avec le rythme qui est le mien (6 à 7 concerts par semaine dans des salles, festivals, théâtres, écoles, collèges, lycées, bibliothèques, associations... ce qui signifie parfois 3 à 4 concerts dans la même journée !), il m'était impossible de continuer à m'adjoindre les services de musiciens sur scène, car la gestion de leurs disponibilités aurait été trop complexe. J'ai donc opté pour l'enregistrement de bande-sons à partir d'instruments acoustiques en studio professionnel, mixés et masterisés, et synchronisés avec la projection de dessin animé, afin que le public bénéficie tout de même d'un véritable spectacle visuel et auditif. J'ai choisi un style très simple et très épuré (un simple trait noir sur une feuille blanche qui se transforme au gré des rythmes et des mots) en hommage à Jean-Jacques Sempé, mon dessinateur favori. J'ai toujours trouvé que les films d'animation avaient un côté noble, pur et universel, ce qui correspondait à l'élégance que je souhaitais donner à mon concert. J'ai eu la chance de rencontrer une réalisatrice de dessins animés extrêmement talentueuse, Léa Fabreguettes, qui a réussi à créer ainsi un concert complet en dessin animé. Elle a un talent fou et a été récompensée pour son travail dans de multiples festivals de cinéma d'animation, en France comme à l'étranger.

Chaque texte que vous écrivez se termine par un twist surprenant. Pourriez-vous nous expliquer comment vous développez ces retournements de situation et en quoi ils enrichissent l'expérience globale de l'écoute pour votre public?

Je suis un grand fan du film "Sixième Sens", et de nombreux autres films du même réalisateur (M. Night Shyamalan) tels que "Incassable", "Signes", "Le Village", qui ont tous comme point commun de se terminer par un twist (retournement de situation surprenant). J'aime particulièrement ce moment où, en une seconde, toute l'histoire raconté prend un sens nouveau, et crée une émotion soudaine dans la tête et le cœur du spectateur. Je trouve que ce concept permet de délivrer des messages de manière impactante et frappante, car l'effet de surprise permet une meilleure mémorisation. A titre d'exemple, tapez sur Youtube "Le Mystère de la Chambre Rose", le titre de mon clip le plus célèbre... et tentez d'en deviner la chute avant qu'elle n'arrive !

Votre parcours entrepreneurial avec la création de votre label 'J’ai Trouvé Productions' est aussi remarquable. Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés en gérant une carrière artistique tout en dirigeant une entreprise?

Mon plus grand défi a été de rester fidèle à ma vision d'artiste. De nombreuses majors m'ont déjà approché pour me proposer des contrats juteux, mais au prix d'une dénaturation de mon univers artistique : faire quelque chose de plus urbain, plus "street", plus engagé socialement. Or, j'estime que ce qui fait mon succès depuis toutes ces années est précisément de proposer au public une offre différente : du slam universel, positifs, bienveillants, sans la moindre revendication politique (car j'estime n'avoir de leçon à donner à personne : chacun pense bien ce qu'il veut !), mais avec une vraie dimension de développement personnel et une vraie réflexion sur la façon dont atteindre le bonheur au quotidien. Jusqu'à présent, le public m'a donné raison, et il est hors de question pour moi de le trahir. Tracer sa route avec intégrité dans cette industrie est donc la chose la plus exigeante, mais aussi la plus gratifiante !
Sur le plan pratique, comme je suis seul pour tout assurer de A à Z (création artistique, booking, production, communication, administration), cela demande une organisation militaire au quotidien, avec aussi un respect de temps de détente et de repos véritables. C'est la clé pour avoir toujours autant de plaisir à exercer mon métier !

Vous intervenez régulièrement dans des établissements scolaires pour inspirer les jeunes. Quels sont selon vous les bienfaits du slam pour les adolescents, notamment en termes de développement personnel et de confiance en soi?

Le slam propose aux adolescents une reconnexion avec la langue française et la littérature, par un prisme détendu et ludique. Il permet aussi de s'entraîner à parler devant un public, à gérer son trac, à apprivoiser son langage non-verbal, le ton et le rythme de sa voix : c'est donc un vrai entraînement pour les épreuves orales du brevet ou du bac ! Grâce au financement Pass Culture, mes interventions ne coûtent rien aux collèges et aux lycées, ce qui me permet d'intervenir dans des centaines d'établissements scolaires partout en France depuis 5 ans. Toutes mes propositions pour les enseignants en collèges et lycées sont ici : eureka-officiel.com/ateliers-scolaires !

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes artistes qui souhaitent suivre un chemin similaire au vôtre, tant sur le plan artistique qu'entrepreneurial, dans le monde compétitif de la musique urbaine aujourd'hui?

Avant tout, de se former ! Beaucoup de jeunes artistes sont guidés par la passion (ce qui est indispensable), mais oublient de maîtriser le fonctionnement de l'industrie musicale dans laquelle ils comptent faire carrière. Or, vous pouvez avoir le plus grand talent du monde, mais si vous ne savez pas ce qu'est un tourneur, qu'un contrat de licence, qu'un dépôt Sacem, qu'un mémo deal ou qu'un contrat de distribution, vous ne vivrez jamais correctement de votre musique et vous vous ferez manger tout cru ! Je recommande pour cela l'excellente chaîne Youtube de Tarik Hamiche "Producteur à succès", ainsi que l'ensemble de ses formations qui regorgent de pépites sur le sujet.

Pour en savoir plus : https://www.eureka-officiel.com

Partager cette page